Article dans La Provence (avec AFP), jeudi 04/05/2023
Crédit photo - La Provence - ANGE ESPOSITO
La sécheresse annoncée pour 2023 pose la question de la pertinence d'un développement hôtelier massif au village.
Péril en la demeure, pas moins de 59 départements viennent de prendre un arrêté d'état de catastrophe naturelle pour des dommages causés par les mouvements de terrain différentiels consécutifs à la sécheresse de l'été 2022. Tous les départements de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur sont impactés. La liste les communes concernées, dont Lourmarin, est parue au Journal officiel du 3 mai 2023.
Après un début d'année accusant un déficit de pluviométrie de 35% sur la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, les nappes phréatiques ne sont plus rechargées. Le taux d'humidité des sols s'approche d'un record historique de sécheresse. Par conséquent, la situation en milieu de printemps est déjà très préoccupante en Provence.
La préservation de la ressource en eau doit aller en priorité à l'exploitation agricole et aux habitants à qui il est déjà demandé de nombreux efforts comme des restrictions horaires sur l'arrosage voire son interdiction, l'interdiction de laver les voitures, de remplir les piscines et d'autres usages extérieurs.
Le tourisme accroît la consommation d'eau communale en saison haute, et de façon très importante pour l'hôtellerie de luxe. Les villages qui font recette sur le tourisme, s'ils veulent conserver cette rente, doivent trouver un équilibre. Le risque à terme est que le sur-tourisme tue le tourisme.
Les projets de développement touristiques grands consommateurs de la ressource en eau ne sont plus en phase avec la sobriété et les impératifs qui s'imposent. A Lourmarin avec la création de 9 chambres supplémentaires pour l'hôtel du Moulin et la création en cours d'un établissement de luxe au centre du village, l'extension du domaine du Galinier n'est plus un projet compatible avec l'évolution du contexte environnemental et écologique. Notre monde change et nous contraint à nous adapter, surtout à anticiper, non pas à prolonger un modèle de développement fragilisant les écosystèmes et pénalisant pour les habitants.
REPÈRES
Chaque année, 55 millions de m3 d'eau sont prélevés dans la nature pour alimenter les réseaux d'eau potable vauclusiens. Une ressource destinée aux 560 000 personnes qui vivent à l'année dans le département, mais également aux quatre millions de touristes qui ne font qu'y passer. Selon l'UMIH, un client d'hôtel consomme en moyenne 300 litres d'eau par nuitée -- deux fois plus qu'un particulier à son domicile.
Le secteur touristique du Vaucluse représente 23 millions de nuitées qui font exploser la consommation d'eau à la saison estivale. Or, 54% de l'eau potable distribuée dans le département vient de la Durance et 32 % du Rhône dont les débits estivaux devraient diminuer respectivement de 20 et 30 % à l'horizon 2050. Le reste provient de sources locales ou de nappes phréatiques dont la capacité de recharge devrait décliner dans les prochaines décennies (de -10 à -25%) sous l'effet du dérèglement climatique.